Grâce à une marge nette de 25%, le groupe de Tim Cook fait d'énormes profits qui filent tout droit vers des paradis fiscaux, où ils dorment depuis des années. A quoi bon?A la faveur d'un trimestre extraordinaire, lors duquel Apple a vendu 74 millions d'iPhone, l'entreprise dirigée par Tim Cook a réalisé un bénéfice net de 18 milliards de dollars. Un record dans l'histoire du capitalisme. Cet argent cash, calculé après impôts, dépenses de R&D et autres, vient gonfler les réserves colossales du groupe, qui s'élèvent désormais à 178 milliards de dollars (157 milliards d'euros). Soit près de deux fois le déficit public français.Si Apple fait de tels profits, c'est que la société a traditionnellement privilégié un modèle de marge haute. C'est-à-dire qu'elle vend ses produits beaucoup plus chers qu'ils lui reviennent à fabriquer. Lors du trimestre achevé le mois dernier, elle a ainsi réalisé une marge nette de 24%. En d'autres termes, un quart du prix de vente de ses téléphones, tablettes et ordinateurs tombe directement dans ses proches.Sur un iPhone 6 Plus dont le tarif de base est de 809 euros, cela fait tout de même 200 euros que les clients offrent "généreusement" à Apple. Si l'appareil était vendu 709 euros, soit une marge de 12%, la firme à la pomme ferait quand même des profits gigantesques... Sur cette base de 12%, elle aurait ainsi dégagé, non pas 18 milliards, mais 9 milliards de résultat net. Très largement de quoi recueillir les louanges de Wall Street, qui n'aurait pas eu à se plaindre. Des dollars placés aux Iles ViergesPour l'acheteur d'iPhone, qui pourrait déjà à ce stade avoir la désagréable impression d'être pris pour un jambon, il y a plus rageant encore. Les dollars de marge nette empilés par Apple le sont en très grande majorité hors des Etats-Unis, dans des pays fiscalement accueillants comme l'Irlande, le Luxembourg ou les Iles Vierges. C'était le cas de 157 des 178 milliards de réserves entassés fin décembre (soit 88%), selon ce document financier de la compagnie.Comme elle le reconnaît dans ce document, elle ne peut rapatrier cet argent aux Etats-Unis, sauf à ce qu'il soit lourdement taxé, à 35%, par l'impôt sur les sociétés. Elle le garde donc à dormir, au chaud, à l'étranger, n'ayant utilisé ces derniers mois que 21 milliards de sa trésorerie pour des placements financiers et des investissements immobiliers. Là où on atteint le comble de l'absurde, c'est quand Apple, dans l'impossibilité concrète d'utiliser ces dizaines de milliards de billets verts,emprunte sur les marchés pour payer des dividendes à ses actionnaires - ce qui fut le cas en 2013 et 2014 pour un montant total de 29 milliards. Cette pratique rend fou l'investisseur américain Carl Icahn, qui possède près de 1% du capital du groupe et désespère de voir ces montagnes d'argent ne servir à rien.Car c'est bien de cela dont il s'agit, en résumé. La plupart des profits dégagés par la politique de marge haute d'Apple ne servent à... rien. Ni à faire des acquisitions, ni à augmenter les efforts de R&D, ni à faire progresser les salaires des employés. Dans l'histoire, il n'y a même pas de méchants actionnaires se gavant sur le dos des consommateurs contre qui se révolter! Cet argent végète dans un paradis fiscal quelconque, en attendant que Tim Cook et son comité exécutif décident d'en faire quelque chose. Alors, toujours aussi pressé d'acheter votre iPhone 6 Plus?

Apple n'utilise pas un quart du prix de vente de votre iPhone
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